Journée mondiale du migrant et du réfugié 2017 : Réflexions du Père Fontaine

14/12/2016

Le Père Dominique Fontaine est prêtre de la Mission de France et aumônier général du Secours Catholique – Caritas France

 

Quand on jette un regard d’ensemble sur la Bible, on s’aperçoit vite que les migrations sont au cœur de l’expérience spirituelle que Dieu propose aux hommes. Cela commence avec Abraham qu’Il appelle à partir du pays de ses ancêtres en Irak « sans savoir où il allait ; grâce à la foi il vint séjourner comme étranger dans la Terre promise » (Heb 11,9). Cela se termine avec les Actes des Apôtres (Ac 8, 1-4) et l’Apocalypse (Ap1, 9), où on voit les premiers chrétiens en butte aux persécutions partir comme migrants et annoncer l’Evangile en Syrie, en Turquie et dans tout le Bassin méditerranéen. A Corinthe, Paul rencontre une communauté composée en majorité de migrants. Plus tard la foi se développera en Gaule en partie par les soldats venant de divers coins de l’empire et par les commerçants. Les évêques, comme Irénée de Lyon, sont des migrants.

Pour la journée du migrant de cette nouvelle année 2017, le pape François nous invite à mettre le projecteur sur « les enfants mineurs non accompagnés ». Et dans la Bible, il y a justement un récit très important qui met en scène le destin d’un jeune mineur, migrant malgré lui. C’est l’histoire de Joseph, l’un des fils de Jacob, ancêtres des douze tribus d’Israël. Le petit dernier était Benjamin, mais le jeune fils préféré de Jacob était Joseph. Et ses frères sont jaloux de lui. L’histoire est racontée dans les derniers chapitres du livre de la Genèse. Joseph a 17 ans. Ses frères sont partis à plusieurs journées de marche pour faire paitre les troupeaux familiaux. Le père envoie Joseph à leur rencontre pour avoir des nouvelles. En le voyant de loin, ils veulent le tuer, puis finalement le dépouillent de la belle tunique que son père lui avait offerte et le jettent dans une citerne. Mais, apercevant une caravane se dirigeant vers l’Egypte, ils le vendent aux marchands. Joseph se retrouve donc en Egypte, d’abord comme esclave, puis comme prisonnier.  

Nous retrouvons bien là la situation de nombreux enfants déracinés et victimes de la traite des êtres humains, que dénonce le pape François et que combattent de nombreuses organisations comme le Secours catholique.

Mais voilà que le jeune Joseph arrive à « s’intégrer » en Egypte et a la chance de se retrouver parmi les employés de l’intendant du pharaon. Il peut alors mettre en valeur les capacités d’intelligence et de discernement que Dieu lui a données. Il va aider l’Egypte à faire des provisions de blé pendant sept années « de vaches grasses », avant sept années d’une famine qui touchera toute la région. Cette situation va amener Jacob et toute sa famille à migrer eux aussi en Egypte pour réussir à survivre. On assiste donc à un regroupement familial, permis par ce « jeune migrant non accompagné » qui a été précurseur.

Cette histoire, finalement positive, nous montre comment Dieu accompagne comme un Père ces migrations chahutées et souvent dramatiques. Et la traversée de l’épreuve migratoire va transformer profondément la grande famille de Jacob, comme elle peut transformer nos sociétés et notre Eglise, si nous sommes capables de discerner le travail de l’Esprit Saint. Nous pourrons alors découvrir que ces jeunes migrants non accompagnés ne sont pas seulement des êtres en détresse, mais aussi, pourquoi pas, de ces petits qui peuvent nous apporter des éléments d’une vie nouvelle insoupçonnée, comme l’a vécu Joseph pour ses frères. Si nous savons les accueillir, peut être pourrons-nous dire avec Jésus : Père, ce que tu as caché aux sages et aux intelligents, tu l’as révélé à ces petits qui sont mes frères.

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